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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 21:40

La diplomatie est un métier difficile il faut le reconnaître. Elle exige des aptitudes très variées qui vont de la connaissance des langues et cultures étrangères à la maîtrise des aspects variés des relations internationales tels que le droit international, la politique internationale, l’économie internationale, les questions de géopolitique et de géostratégie, y compris l’art de la négociation, de la communication et de la civilité diplomatiques. Tout cela, un bon diplomate doit s’en approprier.

Toutefois, en dépit de ces multiples exigences dont la satisfaction n’est déjà pas aisée, le diplomate doit faire face à une autre difficulté. Celle-ci est d’autant plus amplifiée qu’elle repose sur un ensemble de paramètres qui le plus souvent échappent à la maîtrise du diplomate : je veux parler de la difficile conciliation entre les exigences familiales et les contraintes professionnelles, surtout en cas d’expatriation. En effet, le diplomate est naturellement appelé à exercer à l’étranger. Or l’expatriation à l’étranger s’accompagne de nombreuses contraintes qu’il est souvent difficile de concilier avec la stabilité familiale. Il s’agit par exemple de :

- la mobilité quasi-récurrente qui perturbe la scolarité de la progéniture ;

- des conditions de vie, de santé et de sécurité du pays accréditaire parfois précaires et dangereuses pour le diplomate et sa famille (l’actualité nous offre des cas patents comme le Japon qui vit une double catastrophe naturelle et industrielle, ou encore la Côte d’Ivoire et la Libye en proie une instabilité politico-militaire) ;

- il faut ajouter à cela que le conjoint est souvent appelé, soit à abandonner son poste de travail (parfois plus lucratif) pour suivre le diplomate affecté à l’étranger, soit à le laisser partir tout seul afin de conserver ledit poste.

Tout cela a pour conséquence que le corps de la diplomatie est dans la fonction publique celui où le taux de séparations conjugales et de difficultés scolaires des enfants est le plus élevé. Et ce problème n’est pas une spécificité africaine dans la mesure où le Livre blanc de la politique étrangère et européenne de la France le considère comme une « question lancinante » pour laquelle il est nécessaire de « mettre en place une politique volontariste s’adressant autant à l’agent qu’à sa famille ».

A ce titre, je pense que les pouvoirs publics camerounais, afin de se conformer à la constitution et aux lois nationales, doivent mettre sur pied des mécanismes  qui protègent et encouragent la famille, en tenant compte de la spécificité du métier diplomatique. Pour cela, je propose que :

- le diplomate soit consulté avant une affectation à l’étranger ;

- le conjoint du diplomate affecté à l’étranger qui travaille obtienne prioritairement un poste d’affectation à l’étranger disponible et correspondant à sa formation. En cas d’impossibilité, il serait convenable de lui verser une indemnité de départ destinée à compenser son manque à gagner ;

- les postes à l’étranger soient répartis entre « postes familiaux » et « postes non familiaux » comme c’est le cas dans certaines organisations internationales. Les postes familiaux correspondraient à ceux qui sont propices à un départ à l’étranger avec sa famille (en termes d’opportunités d’emploi pour le conjoint ; de conditions de vie, de santé et de sécurité). Les postes non familiaux seraient ceux qui ne permettent pas de se déplacer avec sa famille. Dans ce dernier cas d’espèce, la durée en poste du fonctionnaire sera réduite, de même qu’il devra bénéficier d’une plus grande mobilité afin de rejoindre souvent sa famille.

 

En somme, le métier de diplomate est certes exaltant, mais aussi contraignant et exige de lourds sacrifices. Le diplomate ne doit pas en payer tout seul le prix ; pour cela, il est nécessaire que les autorités publiques reconnaissent la particularité de sa fonction afin d’initier les réformes qui s’imposent.

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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 21:36

 Les diplomates servent-ils encore à quelque chose ? Une image d’Epinal veut que l’activité du diplomate se réduise aux cocktails, aux cérémonies et aux tâches protocolaires. Or, au-delà de ces clichés, le métier de diplomate reste un métier d’envergure, avec ses contraintes et ses particularités. De façon précise, un diplomate en position d’activité (par opposition au détachement ou à la mise en disponibilité) peut exercer soit au sein de l’administration centrale, soit dans un poste à l’étranger. Chacune de ces positions correspond à des tâches précises.

 

Le diplomate en poste au sein de l’administration centrale

 

Contrairement à ce que l’on peut penser, le diplomate en poste à la Centrale exerce des responsabilités importantes, ceci en fonction de la direction à laquelle il est affecté. En ce sens, de façon globale et indifférenciée, on peut citer tout d’abord, la rédaction des documents diplomatiques que sont les notes verbales, les notes de prévision, de synthèse et de conjoncture sur des questions internationales ayant une incidence, soit sur la situation interne de son pays, soit sur la politique étrangère du pays. En outre, il est chargé de l’élaboration et de la mise à jour de l’état des relations de son pays avec les autres pays de la communauté internationale. Ce dernier document est un support fondamental de politique étrangère qui permet d’avoir une lisibilité et une visibilité quasi-complète de l’état des relations bilatérales entre son pays et le pays concerné, mais aussi et surtout d’inspirer le dirigeant politique au moment d’entreprendre des négociations ou de prononcer un discours. Il est appelé à monter des dossiers techniques en vue de sommets internationaux auxquels son pays doit prendre part.

Ensuite, le diplomate organise et participe aux cérémonies (fêtes nationales, présentation des vœux ou des copies figurées, signature d’accords, cérémonies d’adieux, etc.) et audiences diplomatiques diverses. Ici, c’est le protocole qui est interpellé au premier chef, avec toute la délicatesse et les égards particuliers qu’implique le cérémonial de chacun de ces événements.

En outre, c’est le diplomate qui sert d’interface entre les missions diplomatiques étrangères d’une part, le gouvernement local et les populations d’autre part. En ce sens, les communications entre les missions diplomatiques et les autorités locales doivent interférer par lui, de même que les contentieux entre les missions diplomatiques et les populations sont d’abord traités par ses services.

Enfin, le diplomate affecté à la Centrale peut être appelé à effectuer des missions à l’étranger, soit pour participer à des sommets internationaux ou à des négociations, soit pour effectuer toute tâche qui lui est confiée par sa hiérarchie.

 

Le diplomate en poste à l’étranger

 

Le diplomate en poste à l’étranger (qu’il faut distinguer du fonctionnaire international) peut exercer, soit dans une mission diplomatique, un poste consulaire ou une représentation permanente de l’Etat auprès d’une organisation internationale.

Le diplomate en poste dans une mission diplomatique est régi par la convention de Vienne du 18 avril 1961 et par un ensemble de textes nationaux qui régissent sa fonction. De façon simplifiée, le diplomate en poste au sein de la mission diplomatique est chargé des relations politiques, économiques et culturelles entre les deux Etats. Il s’agira de la représentation de l’Etat, de la négociation, de l’information (à travers des moyens licites), de la protection des intérêts de l’Etat et de ses ressortissants, de même que la promotion des relations amicales entre l’Etat accréditant et l’Etat accréditaire.

S’agissant du diplomate en poste dans un poste consulaire, son activité est régie principalement par la convention de Vienne du 24 avril 1963. Pour comprendre les tâches qui lui sont assignées, il convient de partir de ce que le poste consulaire est le service public de l’Etat à l’étranger. En ce sens, il est l’outil par lequel les individus qui se retrouvent dans un Etat étranger peuvent avoir accès à certains services dont ils bénéficient lorsqu’ils sont sur leur territoire d’origine. Il s’agit par exemple de l’état civil (transcription des actes de naissance, de mariage, de décès), de l’établissement des documents officiels (passeports, permis de conduire), de la délivrance des visas pour les citoyens désirant se rendre dans son pays, de la protection de ses ressortissants en cas d’arrestation, d’accident grave ou de maladie. Toutefois, afin de bénéficier de ces services, il est important que les ressortissants de l’Etat résidant dans la circonscription du consulat s’immatriculent auprès de lui. En outre, il n’est pas interdit qu’une mission diplomatique exerce également des fonctions consulaires.

Enfin, le diplomate en poste dans une représentation permanente de l’Etat auprès d’une organisation internationale a en charge la gestion des relations multilatérales de l’Etat avec l’organisation internationale en question et ses Etats membres. Il assure la présence continue de l’Etat auprès de cette organisation et exprime ses positions officielles sur les questions ouvertes à discussion (vote des déclarations, résolutions, etc.). C’est également un haut lieu de la diplomatie de couloir.

 

En somme, les diplomates sont des acteurs multifonctionnels. Ils s’investissent à traduire dans les faits les options diplomatiques des autorités politiques en place. Dans cette optique, le sens de l’initiative est très calculé, mais peu conseillé. Ici, on agit conformément aux instructions qui, parfois, doivent provenir directement de la Présidence de la République. En effet, la diplomatie, comme la défense, est un domaine de souveraineté et, de ce fait, le « domaine réservé » du Chef de l’Etat qui a donc la responsabilité de vouloir pour la nation toute entière.

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